ARNO (3 albums) – (Editions Originales)

Arno :

• Scénario : signé par le maître de la bande dessinée historique Jacques Martin, déjà créateur de séries comme Alix ou Lefranc.

• Dessin : assuré dans un premier temps par André Juillard, dessinateur reconnu pour son style raffiné et réaliste.

• La série débute en 1983, d’abord sous forme prépubliée dans le magazine Circus, avant d’être publiée en albums aux éditions Glénat à partir de 1984.

• L’ambition : mêler aventure, complots et grande Histoire (période napoléonienne), dans la veine réaliste et historique chère à Martin.

Selon Juillard lui-même, ce projet s’inscrivait dans un renouveau de la « ligne claire » et de la BD historique dans les années 1980, à l’époque où ses autres séries (comme Les Sept Vies de l’Épervier) prenaient leur essor.

📚 Structure de la série

La série comprend 6 albums. Bande Dessinée Info+1

• Les trois premiers tomes (1984–1987) constituent le cœur de la série, dessinés par Juillard.

• Les trois suivants (1994–1997) furent confiés à un autre dessinateur, Jacques Denoël.

• Une intégrale des tomes 1 à 3 (période Juillard) est disponible, ce qui a permis de redécouvrir la série dans un format moderne.

🧑‍🎓 Intrigue & cadre historique

Le héros, Arno Firenze, est un jeune musicien vénitien dont la destinée bascule lorsqu’il croise la route du général Napoléon Bonaparte — à un moment crucial de l’Histoire.

• Dans Le Pique rouge, l’histoire débute en 1797 à Venise, juste après les campagnes d’Italie. Arno sauve la vie de Bonaparte et entre dans son entourage. Il découvre alors l’existence d’une société secrète — reconnaissable à une carte à pique rouge — qui complote contre le général.

• Ensuite, dans L’Œil de Kéops puis Le Puits nubien, l’action se déplace en Égypte, lors de la campagne d’Égypte de Bonaparte. Arno y suit le général, déjoue de nouveaux complots, et vit des aventures mêlant politique, trahisons, et passions.

• Le cadre mêle réalités historiques (campagnes napoléoniennes, intrigues entre puissances, conséquences géopolitiques) et fiction : Arno agit dans l’ombre, parfois comme espion, parfois comme simple témoin, mais toujours au cœur de complots et de retournements.

Selon les auteurs, ce parti pris permettait d’ancrer l’aventure dans une époque proche — ce qui la rend « plus dangereuse » que les récits antiques ou médiévaux habituels, mais aussi plus réaliste et contemporaine dans l’esprit.

✒️ Le style graphique et l’identité visuelle

L’un des grands atouts d’Arno est le dessin — surtout dans les trois premiers tomes — que plusieurs critiques qualifient de « somptueux ».

• Juillard adopte un style très académique, inspiré des grands artistes classiques (Ingres, Jacques-Louis David, etc.), combinant précision, élégance et grande rigueur historique.

• Les décors — Venise, l’Égypte, les palais, les canaux, les rues — sont minutieusement dessinés, avec une attention particulière aux détails architecturaux, aux costumes, aux ambiances — ce qui renforce l’immersion historique.

• Cette rigueur esthétique fait que, pour beaucoup, Arno est un bel exemple de BD historique « réaliste » : le trait noble de Juillard sert le récit d’une manière presque picturale, tout en conservant le dynamisme nécessaire à l’aventure et à l’action.

Comme le résume un critique sur une intégrale récente : « … cette intégrale reprend les trois albums dessinés par André Juillard … et permet aux jeunes générations de redécouvrir deux maîtres du neuvième art. »

✅ Ce qui fait la force (et les limites) d’Arno

Points forts

• Une synergie riche entre la rigueur narrative de Jacques Martin et la finesse graphique d’André Juillard.

• Un cadre historique dense et immersif — la campagne d’Italie, l’Égypte, les intrigues napoléoniennes — qui donne à la série une dimension « roman d’espionnage historique ».

• Un héros accessible : Arno n’est pas un grand guerrier ou un héros légendaire, mais un musicien ordinaire — ce qui rend ses aventures plus humaines, parfois vulnérables, mais plus proches du lecteur.

• Un décor remarquable — Venise, l’Égypte, le milieu aristocratique et militaire — qui illustre la BD historique à son meilleur.

Limites / Critiques

• Certains lecteur·ices reprochent aux scénarios un côté un peu « classique » ou « verbeux » — beaucoup de récitatifs, des dialogues parfois lourds, un style qu’on sent un peu daté.

• Le passage à un nouveau dessinateur après le tome 3 (Jacques Denoël) modifie le style graphique, ce qui peut déstabiliser — pour certain·e·s fans de l’esthétique originale de Juillard.

• Enfin, la série reste relativement courte (6 tomes), et s’interrompt après le tome 6 — sans conclure l’ensemble de l’ambition historique qu’on pouvait imaginer.

🧭 Héritage et intérêt aujourd’hui

• Arno incarne un bel exemple de ce que la BD historique franco-belge a pu produire de mieux dans les années 1980–1990 : rigueur historique, sens du détail, aventure, et réflexion sur les enjeux politiques d’une époque troublée.

• Pour les amateurs de récits sur l’ère napoléonienne, la série offre une vision romanesque de l’Histoire — souvent absente des manuels — via le regard d’un personnage « ordinaire » devenu témoin des intrigues de l’époque.

• Grâce aux intégrales publiées (notamment celle réunissant les trois premiers tomes dessinés par Juillard), Arno reste accessible aux nouvelles générations de lecteurs, avec un graphisme qui n’a pas pris une ride.

• Enfin, la collaboration entre Martin et Juillard est un modèle — un exemple d’équilibre entre scénario historique, documentation et ambition graphique — qui continue d’inspirer des auteurs de BD d’aventure ou historiques.

Sur le site : https://bdoccasion.com

Source Cotation, BDM 2025/2026 : http://www.arenes.fr