BUDDY LONGWAY TOME 2 – L’ENNEMI

Cette approche rare dans la bande dessinée franco-belge offre aux lecteurs une expérience proche d’un roman graphique, où l’évolution psychologique des personnages est aussi importante que les aventures qu’ils vivent.

Conclusion

Buddy Longway est une œuvre singulière et touchante, une bande dessinée qui dépasse le simpleBuddy Longway : Une épopée humaine au cœur de la nature sauvage

Créée par l’auteur suisse Derib (pseudonyme de Claude de Ribaupierre), Buddy Longway est une série de bande dessinée qui a marqué de nombreux lecteurs par son approche sensible et réaliste de la vie dans les grands espaces nord-américains. Lancée en 1972 dans le magazine Tintin, cette série s’est rapidement démarquée des autres westerns par son ton humain, son ambiance contemplative et sa représentation nuancée des peuples amérindiens.

Loin des clichés du western traditionnel

À une époque où les bandes dessinées d’aventure dans l’Ouest américain mettaient surtout en scène des cow-boys invincibles et des Indiens caricaturaux, Derib propose une rupture narrative et visuelle. Son héros, Buddy Longway, est un trappeur solitaire, robuste mais vulnérable, qui vit en harmonie avec la nature. Loin d’être invincible, Buddy est un personnage humain, qui doute, vieillit, souffre et évolue au fil des albums.

Cette humanité est l’un des points centraux de la série. Buddy n’est pas un héros classique : il fait des erreurs, il est confronté à ses limites physiques et psychologiques, et surtout, il est profondément attaché à sa famille, ce qui donne à la série une dimension émotionnelle rare pour l’époque.

Une famille au cœur de l’aventure

Au fil des tomes, le lecteur suit la vie de Buddy, de ses débuts de trappeur jusqu’à son rôle de père. Il épouse Chinook, une jeune femme amérindienne issue du peuple Sioux, et ensemble, ils fondent une famille. Le couple a deux enfants : Jeremy et Kathleen. Cette cellule familiale, simple mais profondément soudée, est le moteur de l’intrigue.

Les relations familiales sont explorées avec une rare finesse. Le lecteur voit grandir les enfants, partager les doutes des parents et ressentir la douleur de la séparation, du danger ou de la perte. La série montre aussi les conflits d’identité, notamment pour Jeremy, tiraillé entre les cultures de ses deux parents : celle des colons blancs et celle des peuples autochtones.

Une nature sublime et impitoyable

Autre point fort de Buddy Longway : l’immersion dans un environnement sauvage d’une beauté fascinante, mais aussi sans pitié. Derib, passionné par la nature et la culture amérindienne, offre des planches où l’immensité des paysages, les forêts enneigées, les rivières glacées et les animaux sauvages occupent une place centrale.

Cette nature est à la fois une alliée et une ennemie. Les saisons rythmées par l’hiver rude, les accidents, les attaques d’animaux ou encore les longs voyages à cheval sont autant d’épreuves qui mettent à l’épreuve le courage et la persévérance des personnages.

Un regard respectueux sur les peuples amérindiens

Contrairement à beaucoup d’œuvres de westerns, Buddy Longway se distingue par le respect et la justesse de sa représentation des Amérindiens. Derib s’est documenté en profondeur sur leurs cultures, leurs traditions et leur mode de vie. À travers le personnage de Chinook et les nombreuses rencontres que fait Buddy, la série montre une vision plus équilibrée et humaine des rapports entre colons et autochtones.

Cette volonté de réalisme se traduit également par le traitement des thématiques sociales : racisme, intolérance, rejet de l’autre, choc des civilisations et perte des traditions amérindiennes sont abordés avec subtilité et sans manichéisme.

Un cycle complet : naissance, vie et mort

La série est également remarquable par sa construction sur la durée. Buddy Longway ne reste pas figé dans le temps : les personnages vieillissent, évoluent, et affrontent les étapes de la vie. Derib achève cette saga en 1987 avec le tome “La Source”, avant de la relancer brièvement en 2002 pour quelques albums supplémentaires, concluant définitivement l’histoire en 2006 avec “La Traque”. cadre du western pour devenir une réflexion sur la famille, la nature et l’identité. Par son style graphique expressif, ses personnages profondément humains et son atmosphère poétique, Derib a su créer une saga intemporelle, empreinte d’émotion et de sagesse.

Excellente série western humaniste créée par l’auteur de “Yakari”, en autre. 

Sur le site :  https://bdoccasion.com

Source argus BDM 2025/2026 :  http://www.arenes.fr