LE GRAND POUVOIR DU CHNINKEL – Edition Originale Noir et Blanc

 ET LA LUMIERE APPARUT DANS LE MONDE DE LA BANDE DESSINEE EN 1988 LORS DE LA SORTIE DE                      L’ALBUM « LE GRAND POUVOIR DU CHNINKEL !!!!!!!!!!»

Il s’agit là, à mon goût de la bande dessinée culte des années 80. Scénarisée par Jean Van Hamme et illustrée par Grzegorz Rosinski (à qui l’on doit une série magique, Thorghal).

Initialement publiée en 1988, cette œuvre a marqué les esprits par sa profondeur, son ton adulte et son graphisme spectaculaire. Elle est d’abord parue en noir et blanc, une particularité rare pour une bande dessinée franco-belge à cette époque, et c’est justement dans cette version que l’œuvre révèle toute sa puissance artistique et narrative, et que vous propose bdoccasion.com.

L’histoire prend place dans un univers imaginaire appelé Daar, une planète ravagée par la guerre et soumise à des tyrans. Le récit commence avec J’on, un petit esclave chninkel, une créature humanoïde de petite taille, vivant dans la crainte et la soumission. Les Chninkels sont exploités, méprisés, considérés comme des sous-êtres, et J’on ne fait pas exception. Mais son destin bascule le jour où, seul survivant d’un massacre, il est choisi par une entité divine appelée U’n. Cette force supérieure lui confie une mission simple mais impossible : ramener la paix sur Daar, un monde dominé par la loi du plus fort, en usant non pas de la force mais de la parole et de la foi.

Ce postulat de départ, qui pourrait sembler classique, sert de point d’ancrage à une réflexion beaucoup plus large, mêlant philosophie, religion, et politique. Van Hamme revisite ici la structure du mythe christique : J’on est un anti-héros appelé à devenir une figure messianique. Le parallèle avec la Bible est volontairement appuyé, qu’il s’agisse de la nature de la mission, du regard que portent les autres sur lui ou des épreuves qu’il traverse.

Le style graphique de Rosinski, dans sa version noir et blanc, contribue énormément à l’impact de l’album. Loin des couleurs éclatantes et lissées qu’on retrouve dans certaines éditions couleurs ultérieures, le noir et blanc révèle une maîtrise exceptionnelle du contraste, de la lumière et de la texture. Chaque planche ressemble presque à une gravure, avec une densité d’encre et un souci du détail qui accentuent le caractère sombre, rude et oppressant du monde de Daar.

Cette édition d’origine en noir et blanc permet également de ressentir pleinement l’intensité dramatique des scènes. Les ombres profondes, les ciels lourds et les décors désolés plongent le lecteur dans une ambiance crépusculaire et mélancolique, renforçant la portée tragique de l’histoire. Les personnages, qu’ils soient humains, chninkels ou créatures monstrueuses, sont dessinés avec une expressivité saisissante, et les paysages, souvent immenses et hostiles, rappellent les grands tableaux romantiques du XIXe siècle.

Derrière l’aventure épique et les combats de titans, « Le Grand Pouvoir du Chninkel » est aussi une critique des sociétés dominées par la guerre, la soif de pouvoir et la manipulation des croyances. Van Hamme met en scène un univers où la morale est malléable et où la survie prime souvent sur la compassion. Le parcours de J’on, fait d’espoirs brisés, de trahisons et d’épiphanies, reflète une vision plutôt sombre et désenchantée de l’humanité.

La bande dessinée aborde également le thème de la foi, non pas comme une valeur absolue, mais comme un outil de contrôle ou de libération, selon l’usage qu’on en fait. L’auteur interroge : qu’est-ce qui pousse une population à suivre un guide spirituel ? Est-ce le besoin d’espoir, la peur, ou l’instinct de survie ? Dans le cas de J’on, c’est une quête presque contre-nature, car il est lui-même sceptique vis-à-vis de la mission qu’on lui impose. Cette dimension psychologique donne une profondeur supplémentaire à l’histoire, dépassant le simple récit d’aventure.

En définitive, « Le Grand Pouvoir du Chninkel » est une œuvre marquante, qui a su combiner la narration épique à des questionnements universels. La version noir et blanc est souvent considérée comme la plus authentique, car elle révèle la puissance brute du dessin de Rosinski, sans fard, et conserve toute la gravité et l’intensité dramatique voulues par les auteurs. Ce chef-d’œuvre a influencé de nombreux auteurs, et reste aujourd’hui une référence incontournable dans l’histoire de la bande dessinée européenne.

En résumé, si par pure hasard, vous ne l’avez pas lu, ou vous rêvez de relire cette merveille, n’hésitez plus, ce n’est pas ailleurs qu’il faut aller !!!!!!!!! Aventure, Héroïque -Fantaisy, Humour, tout les ingrédients sont présents.

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