| Poids | 800 g |
|---|---|
| Dessinateur | SOKAL |
| Scenariste | SOKAL |
| Edition | Casterma "à Suivre" |
| Cotation | 15 € |
| etat | TBon état |
Canardo de Sokal : une série noire animalière atypique
La série Canardo est une bande dessinée créée par Benoît Sokal, auteur et dessinateur belge, en 1978. Mélangeant polar noir, satires sociales et univers anthropomorphe, cette œuvre singulière a marqué la bande dessinée franco-belge par son ton cynique, son humour noir et son atmosphère sombre. Elle met en scène un détective privé peu conventionnel : un canard alcoolique, désabusé et souvent malchanceux, évoluant dans un monde d’animaux humanisés.
Un détective entre Humphrey Bogart et Donald Duck
Canardo est une figure archétypale du détective privé à la Raymond Chandler, un anti-héros fatigué, fumeur invétéré et porté sur la bouteille. Il erre d’enquête en enquête, souvent plus spectateur que véritable acteur du chaos ambiant. Ce personnage anthropomorphe, bien que comique en apparence, est profondément tragique. Il est entouré d’un univers où la corruption, la violence et l’absurde règnent en maîtres. L’allure pataude de Canardo cache en réalité une grande lucidité sur le monde qui l’entoure, même s’il semble souvent s’en désintéresser.
Un univers sombre et grotesque
Ce qui distingue Canardo des autres BD animalières, c’est l’ambiance crue et cynique dans laquelle évoluent les personnages. Si le monde est peuplé d’animaux anthropomorphes — cochons policiers, chats mafieux, grenouilles politiciennes… — les situations sont résolument adultes : meurtres, prostitution, trahison, guerre civile, sectes religieuses, pouvoir politique corrompu… Tout y passe.
Chaque album, tout en conservant la cohérence de l’univers, aborde un thème de société ou une critique mordante du pouvoir, qu’il soit religieux, politique ou économique. L’humour noir et le ton désabusé de la narration viennent renforcer cette vision d’un monde absurde et violent, où les repères moraux sont brouillés.
Une série évolutive et engagée
Le premier album, Première enquête (1979), publié dans À Suivre, posait déjà les bases : une enquête complexe, un héros paumé, et une ambiance décalée. La série s’est ensuite étoffée, avec plus de 25 albums publiés jusqu’à la mort de Sokal en 2021, certains dessinés par lui-même, d’autres scénarisés par lui mais dessinés par des collaborateurs comme Pascal Regnauld.
Au fil des tomes, Canardo change parfois de cadre (de la campagne flamande à des républiques imaginaires d’Europe de l’Est) mais reste toujours plongé dans un monde décadent. Sokal n’a jamais cherché à rendre son héros sympathique : Canardo est cynique, parfois lâche, souvent pathétique, mais terriblement humain dans ses failles.
Une œuvre graphique marquante
Le dessin de Sokal, en particulier dans les premiers albums, est très expressif, avec une palette de couleurs sombres, des décors crades, et des visages d’animaux très expressifs. Ce style renforçait l’atmosphère glauque et tragique des récits. L’anthropomorphisme n’est jamais gratuit : les traits animaux viennent souligner les traits de caractère ou les rôles sociaux des personnages.
Un héritage durable
Canardo a durablement marqué le paysage de la BD franco-belge. Il est un exemple unique de bande dessinée policière animalière pour adultes, alliant humour noir, critique sociale et poésie tragique. Sokal, également connu pour son travail dans le jeu vidéo (Syberia), y déploie un univers riche, où chaque histoire, malgré la noirceur, laisse une place au doute, à l’absurde et à la mélancolie.
Conclusion
Canardo est une œuvre à la fois divertissante et dérangeante, un miroir déformant mais lucide de nos sociétés. En croisant le genre noir et la fable animalière, Sokal a su créer un monde original, cohérent et profondément critique. La série reste une référence pour ceux qui aiment les BD matures, ironiques et stylisées.
Sur le site : https://bdoccasion.com
Source Cotation, BDM 2025/2026 : http://www.arenes.fr






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