Jean Graton est l’un des auteurs les plus emblématiques de la bande dessinée franco-belge, connu principalement comme le créateur de Michel Vaillant, une série qui marie sport automobile, action et valeurs humaines. Mais avant de se lancer dans sa propre saga, Graton fit ses armes en illustrant des récits didactiques pour une rubrique célèbre du magazine Spirou : « Les Histoires de l’oncle Paul ». Cette période fut décisive dans sa formation artistique et professionnelle.
Le contexte de L’Oncle Paul
Créée en 1951, la série « Les Histoires de l’oncle Paul » est une initiative de Jean-Michel Charlier, aidé par Eddy Paape et Victor Hubinon, pour proposer des récits éducatifs dans le journal Spirou. Chaque épisode raconte une anecdote historique ou biographique, souvent méconnue, à travers le prisme d’un vieux monsieur bienveillant : l’Oncle Paul. Il captive ses jeunes neveux — et par extension les lecteurs — en leur expliquant des événements réels de façon vivante.
Cette série offrait aux jeunes dessinateurs une école rigoureuse de narration, car ils devaient respecter une structure précise, rendre des faits réels captivants et s’adapter à des scénarios variés. De nombreux futurs grands noms de la BD y ont participé, comme Mitacq, Paape, Géri, Attanasio, et Jean Graton.
Jean Graton chez L’Oncle Paul
Jean Graton arrive chez Spirou en 1952, après un début de carrière en tant qu’illustrateur publicitaire. Sa maîtrise du dessin réaliste, alliée à une grande rigueur graphique, attire l’attention des éditeurs. Très vite, il est intégré à l’équipe des illustrateurs d’« Histoires de l’oncle Paul ». Ce travail fut essentiel pour Graton car il lui permit d’acquérir une grande expérience narrative : rendre clairs et dynamiques des faits historiques, et maîtriser le découpage.
Graton a illustré plusieurs dizaines d’histoires pour cette rubrique, entre 1953 et 1957. Ces récits lui ont permis d’aborder des sujets variés : biographies de personnages historiques, exploits techniques, grands événements sportifs ou militaires, inventions, et faits divers célèbres.
Parmi les histoires marquantes qu’il a illustrées, on trouve des récits liés au sport mécanique, ce qui trahit déjà sa passion personnelle pour l’automobile. Cette passion, héritée de son père et qu’il nourrit lui-même par l’observation et la photographie sur les circuits, influencera directement la création de Michel Vaillant.
Un style réaliste et rigoureux
Graton se distingue par un style graphique très précis, inspiré par son goût pour le réalisme et l’observation. Il photographiait lui-même les scènes, véhicules et lieux qu’il devait dessiner, une habitude qui le suivra toute sa carrière. Dans ses planches pour « L’Oncle Paul », on sent déjà sa capacité à représenter des objets techniques, des véhicules, des décors réalistes, et des scènes d’action vivantes.
Son dessin est clair, lisible et efficace, sans surcharge d’effets. Chaque case est structurée pour maximiser la compréhension de l’histoire. Cette rigueur formelle est une marque de fabrique qui fera plus tard la force visuelle de Michel Vaillant.
Un tremplin vers Michel Vaillant
Travailler pour « L’Oncle Paul » fut pour Graton une sorte de laboratoire graphique et narratif. Cela lui permit de se confronter à de nombreux types de récits et d’aiguiser son sens du cadrage, de la mise en scène et du réalisme. Cette expérience l’encouragea également à écrire ses propres scénarios, puisqu’à cette époque, il n’était que dessinateur.
En 1957, Graton propose sa propre série : Michel Vaillant. Celle-ci allie sa passion pour l’automobile et son expérience du récit structuré. Le succès fut immédiat et marqua le début d’une longue carrière d’auteur complet, à la fois scénariste et dessinateur.
Une contribution formatrice à la bande dessinée franco-belge
Si Michel Vaillant reste son œuvre la plus célèbre, la période « Oncle Paul » occupe une place importante dans l’évolution artistique de Graton. Comme pour beaucoup d’autres auteurs de sa génération, cette rubrique fut une école exigeante, qui imposait de respecter des contraintes éditoriales strictes tout en stimulant la créativité.
Les planches qu’il a signées pour cette série témoignent déjà de son talent pour l’action, le mouvement et la précision documentaire. Elles montrent également une approche sérieuse de la bande dessinée, considérée non seulement comme un divertissement mais aussi comme un vecteur de savoir.
En somme, l’illustration des Histoires de l’oncle Paul fut une étape essentielle dans la formation de Jean Graton, lui permettant de passer d’illustrateur prometteur à auteur accompli, prêt à s’imposer durablement dans le paysage de la bande dessinée européenne.
Cet album comprend de 12 récits étant des histoires vécues :
- Echec au feu du ciel
- Les conquérants du ciel
- Le premier match aérien
- L’épopée de Trafalgar
- Gutenberg
- Le roi des metteurs en scène
- Tom, gosse impossible
- Le télégraphiste catastrophe
- Poètes ennemis
- Le toumelin
- Le Brésil est malade
- La vraie histoire de Robinson
Sur le site https://bdoccasion.com
Source argus, BDM 2025/2026 : http://www.arenes.fr
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