VALERIAN Tome 10 – Brooklyn Station Terminus Cosmos – (Edition Originale 1981)

Valérian et Laureline : une épopée spatiale visionnaire

Valérian et Laureline est une série de bande dessinée de science-fiction créée par Pierre Christin (scénario) et Jean-Claude Mézières (dessin). Publiée à partir de 1967 dans le magazine Pilote, elle compte 22 albums principaux parus entre 1970 et 2010, ainsi que plusieurs hors-séries et dérivés. Considérée comme l’une des œuvres fondatrices de la science-fiction en bande dessinée européenne, elle a profondément influencé le genre, tant dans la BD que dans le cinéma.

Genèse et contexte de création

Dans les années 1960, la bande dessinée française connaît un profond renouvellement, notamment avec le magazine Pilote, qui accueille des auteurs comme Goscinny, Uderzo ou encore Gotlib. C’est dans ce contexte que Christin et Mézières, amis d’enfance, décident de créer une série de science-fiction inspirée à la fois par les récits d’aventure classiques et par les grandes découvertes spatiales de leur époque, marquées par la conquête de la Lune.

Leur première histoire, Les Mauvais Rêves (1967), introduit Valérian, agent spatio-temporel originaire du XXVIIIᵉ siècle, envoyé par la Galaxity, capitale de l’Empire terrien, pour réguler le temps et l’espace. Rapidement, il est rejoint par Laureline, une jeune paysanne du Moyen Âge qu’il sauve lors de sa première mission et qui devient sa partenaire. Ensemble, ils forment un duo emblématique, à la fois complémentaire et égalitaire, dont la complicité et les échanges vifs tranchent avec les stéréotypes de l’époque.

Univers et thématiques

L’univers de Valérian et Laureline est d’une richesse exceptionnelle. Les deux héros voyagent à travers le temps et l’espace, visitant des planètes étranges, peuplées d’espèces variées et d’organisations politiques complexes. Christin et Mézières y déploient une imagination foisonnante : créatures originales, vaisseaux aux formes audacieuses, sociétés futuristes et décors exotiques.

Mais au-delà du spectaculaire, la série se distingue par une profonde dimension politique et philosophique. Christin, marqué par les idéaux humanistes et les bouleversements du XXᵉ siècle, introduit dans ses récits des réflexions sur le pouvoir, le colonialisme, l’écologie, le totalitarisme ou encore les inégalités sociales. La critique du progrès aveugle et de l’impérialisme terrien revient souvent, notamment lorsque Galaxity est remise en question ou disparaît.

Laureline, figure féminine forte, indépendante et intelligente, joue un rôle essentiel dans cette approche. Contrairement à bien des héroïnes contemporaines, elle n’est ni une simple compagne ni un faire-valoir : elle raisonne, décide, sauve, et parfois mène seule les aventures. Elle incarne une vision résolument moderne de la femme dans la BD.

Évolution du style et de la narration

Sur plus de quarante ans, le style graphique de Mézières évolue considérablement. Les premiers albums, marqués par une ligne claire influencée par Hergé, deviennent progressivement plus dynamiques, colorés et détaillés. Mézières développe un design visuel novateur, qui inspirera plus tard de nombreux artistes, notamment dans le cinéma de science-fiction.

Le rythme narratif change également : des récits courts des débuts, la série passe à des histoires plus longues et complexes, où l’humour, la poésie et la satire sociale se mêlent à l’aventure spatiale. Des albums comme L’Ambassadeur des ombres (1975), Les Héros de l’équinoxe (1978) ou Sur les frontières (1988) comptent parmi les plus marquants du genre.

Héritage et influence

Valérian et Laureline a eu une influence considérable sur la culture populaire. Son esthétique et son imagination visuelle ont inspiré des œuvres majeures comme Star Wars : George Lucas a reconnu, sans l’avouer ouvertement, que l’univers de Mézières avait influencé le design de ses films. De nombreux artistes de bande dessinée et de science-fiction européens se réclament également de cet héritage.

La série a connu plusieurs adaptations : une série animée (Valérian et Laureline, 2007) et surtout le film Valérian et la Cité des mille planètes (2017) réalisé par Luc Besson, directement inspiré de L’Ambassadeur des ombres. Bien que le film ait reçu un accueil mitigé, il a ravivé l’intérêt pour la série originale.

Conclusion

À la fois aventure cosmique, satire sociale et réflexion humaniste, Valérian et Laureline reste une œuvre majeure de la bande dessinée mondiale. Par son duo charismatique, son univers foisonnant et ses idées avant-gardistes, elle a ouvert la voie à une science-fiction européenne audacieuse et poétique. Plus d’un demi-siècle après sa création, elle continue d’émerveiller et d’inspirer de nouvelles générations de lecteurs et d’artistes.

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Source Cotation, BDM 2025/2026.  http://www.arenes.fr