SERGUEÏ WLADI TOME 2 – AAARGL!

Aaargl ! de Cromwell – Une œuvre baroque, brutale et déchaînée

Publié pour la première fois en 1999 aux éditions Les Humanoïdes Associés, Aaargl ! est une bande dessinée signée Cromwell, pseudonyme de Didier Cromwell, auteur français à l’univers graphique très reconnaissable. Ce one-shot incarne à lui seul l’énergie débridée, l’iconoclasme visuel et l’humour féroce de son créateur. Aaargl ! se présente comme un voyage halluciné dans un monde post-apocalyptique, grotesque et punk, qui bouscule les codes traditionnels de la bande dessinée franco-belge.

Un monde déglingué

Le récit prend place dans un univers ravagé, où la civilisation semble avoir implosé, laissant place à un chaos peuplé de marginaux, de bêtes mutantes et de créatures burlesques. L’intrigue — volontairement décousue — suit une galerie de personnages aussi barrés qu’attachants. Le héros, une sorte de punk délabré ou de guerrier dégénéré, évolue dans un monde où l’absurde et la violence se côtoient sans cesse. On ne lit pas Aaargl ! pour son scénario linéaire, mais pour l’expérience visuelle et sensorielle qu’il offre.

Un style graphique explosif

Ce qui frappe immédiatement dans Aaargl !, c’est la puissance visuelle. Le dessin de Cromwell, foisonnant, anarchique et profondément organique, rappelle parfois le travail de Moebius, Liberatore ou même Robert Crumb, tout en restant unique. Les planches débordent de détails, d’onomatopées tonitruantes, de couleurs criardes et de compositions éclatées. Les cases explosent littéralement sous les yeux du lecteur, comme si l’auteur cherchait à briser les limites mêmes du médium.

Cromwell mêle peinture, collage, typographies multiples et influences variées : rock, art brut, surréalisme, esthétique post-punk, cinéma bis… Le résultat est un patchwork visuel d’une rare intensité, à la fois dérangeant et fascinant. Chaque page est une œuvre d’art à part entière, que l’on peut contempler indépendamment de l’histoire.

Un humour noir et corrosif

Aaargl ! est aussi une satire grinçante. Cromwell y tourne en dérision les archétypes héroïques, les dogmes sociaux, la religion, la guerre, la consommation et bien d’autres aspects de notre société moderne. Le ton est acerbe, les dialogues souvent trash ou absurdes, et l’ensemble baigne dans une ambiance de mauvais rêve surréaliste.

Le titre lui-même, Aaargl !, est une onomatopée primitive, une exclamation qui résume l’état d’esprit général de l’œuvre : brutale, sans filtre, pulsionnelle. C’est une sorte de cri primal, à la fois de révolte et de délire.

Une œuvre culte et atypique

Aaargl ! n’est pas une bande dessinée facile d’accès. Elle déroute, dérange, mais captive. Elle s’adresse avant tout à un public averti, amateur de bandes dessinées alternatives, de contre-culture et de narrations expérimentales. C’est une œuvre qui défie la lecture traditionnelle, un objet de curiosité graphique, un manifeste d’indépendance artistique.

Depuis sa publication, Aaargl ! a acquis un statut culte parmi les amateurs de BD underground. Elle illustre à merveille la démarche de Cromwell, artiste inclassable et intransigeant, qui privilégie toujours la liberté créative à la lisibilité commerciale.

Conclusion

Avec Aaargl !, Cromwell livre une œuvre viscérale, hybride et d’une inventivité folle. À mi-chemin entre la peinture, le roman graphique et l’installation artistique, ce livre est une plongée dans un univers sans foi ni loi, un cri d’artiste qui refuse les conventions. C’est une BD à lire comme on traverse une tempête : les sens en éveil, prêt à être secoué.

DEJANTE !!!!

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